Le Pape s’est appuyé sur la phrase tirée de l’Evangile selon Saint Marc : «Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux » (Mc 10, 32). «Marc nous invite à toujours voir comment le Seigneur prend soin de son peuple grâce à une pédagogie incomparable», a expliqué François.
Jérusalem représente l’heure des grandes déterminations et décisions, et le passage de l’Evangile revient sur ce moment décisif. Face à la troisième et plus dure annonce de la passion, l’Évangéliste ne craint pas de révéler certains secrets du cœur des disciples, a poursuivi le Pape: recherche des premières places, jalousies, convoitises, intrigues, arrangements et accords, une logique qui non seulement mine et corrode de l’intérieur les relations entre eux, mais qui en outre les enferme et les engage dans des discussions inutiles et de peu d’intérêt.
Gare aux tentations de la mondanité et des intrigues
Mais Jésus va plus loin a continué le Saint-Père : il va de l’avant et devance ces disciples. Par ce comportement, le Seigneur cherche à recentrer le regard et le cœur de ses disciples, en empêchant que les discussions stériles et autoréférentielles trouvent place au sein de la communauté.
Et François de lancer un nouveau plaidoyer contre les risques de la mondanité et de la fermeture: «À quoi sert-il de gagner le monde entier si l’on est corrompu à l’intérieur ? À quoi sert-il de gagner le monde entier si l’on vit tous pris dans les intrigues asphyxiantes qui font dessécher et rendent stérile le cœur et la mission ? Dans cette situation – comme quelqu’un l’a fait observer – on pourrait déjà entrevoir les intrigues de palais, y compris dans les curies ecclésiastiques.»
«Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi», avertit le Christ à l’adresse de ses disciples. Cette phrase, a expliqué le Pape, est une «invitation et un effort pour récupérer ce qu’il y a de meilleur chez les disciples», lesquels ne doivent pas être emprisonnés dans des logiques mondaines «qui détournent le regard de l’essentiel».
Le primat de la mission
Cet «essentiel» a précisé le Saint-Père, c’est la mission. La voix du Seigneur fait éviter à la communauté de se regarder trop elle-même au lieu de diriger le regard vers cette priorité.
«Jésus nous enseigne que la conversion, la transformation du cœur et la réforme de l’Église sont et seront toujours d’un point de vue missionnaire» a poursuivi François, qui précise que cette conversion de nos péchés «vise principalement à faire grandir dans la fidélité et dans la disponibilité pour embrasser la mission».
Le Pape a donc invité à ne jamais perdre de vue cette dimension missionnaire, au risque de«perdre de vue le visage concret des frères», de voir notre vie «se renfermer dans la recherche de nos propres intérêts et de nos propres sécurités».
A la suite du Christ, Se mettre au service
Le Souverain Pontife a ensuite commenté une autre phrase tirée de l’Evangile de Saint Marc : «celui qui veut être, parmi vous, le premier sera l’esclave de tous»
Il s’agit « d’une invitation que le Seigneur nous adresse pour que nous n’oublions pas que l’autorité dans l’Église grandit avec cette capacité de promouvoir la dignité de l’autre ». Il nous rappelle que «l’unique autorité crédible est celle qui naît du fait de se mettre aux pieds des autres pour servir le Christ».
Ce service du Christ se fait «dans celui qui est affamé, dans celui qui est oublié, dans le prisonnier, dans le malade, dans le toxicodépendant, dans la personne abandonnée, dans les personnes concrètes avec leurs histoires et leurs espérances, avec leurs attentes et leurs déceptions, avec leurs souffrances et leurs blessures».
Le Saint-Père a conclu son homélie en citant un extrait du testament spirituel de St Jean XXIII, un texte dans lequel son prédécesseur remercie Dieu de «cette grâce de la pauvreté» qui l’a amené à ne rien demander: ni poste, ni argent ni faveur.